Sur le pouce avec Jérôme Nayer - Hors la loi

Publié le  19.07.2011

Bela a rencontré le metteur en scène d’Hors-la-loi, un spectacle envolé qui fait un carton à Avignon cette année. Dix minutes pour récolter les impressions de Jérôme Nayer sur ce succès et son aventure à bord du navire des Doms…

Bela : C’est la première fois que tu es programmé aux Doms ?

Oui, c’est la première fois.

Bela : Et comment as-tu réagi quand tu as appris que tu étais programmé ?

J’ai appelé tous mes acteurs et je leur ai fait une sorte de blague en leur demandant ce qu’ils faisaient en juillet. Puis je laissais un blanc… Et ils me disaient : « Non, c’est pas vrai ?! ». J’ai réagi avec beaucoup d’émotion en fait, un mélange de fierté… De l’émotion pure, je ne sais pas…

Bela : Ça se passe comment pour toi, à Avignon ?

La rencontre avec le public est vraiment très agréable. La rencontre entre les acteurs et le public se passe de plus en plus. Le spectacle devient vraiment carré, ils sont vraiment comme des poissons dans l’eau et du coup l’échange avec le public est réel. Hors-la-loi est un spectacle qui se nourrit fort de ça. C’est de plus en plus agréable et moi, en pénétrant dans la salle, je me laisse de plus en plus prendre par l’histoire et je fais de moins en moins attention à la mise en scène que j’ai faite.

Bela : Comment s’est passée l’adaptation entre la mise en scène à l’Atelier 210 [où HLL a été créé] et la salle des Doms ?

Trois jours de répétitions. En trois jours, l’idée c’est : retrouver le spectacle tel qu’il était – puisqu’on en était tous très contents – et amener l’une ou l’autre petite correction. Les modifications sont invisibles pour quelqu’un qui voudrait le revoir mais c’est moi qui pensais à corriger en voyant les représentations à l’Atelier 210. C’est l’affaire de 5 secondes de spectacle à certains endroits. Il fallait travailler aussi sur le rythme total du spectacle global. Il y avait des endroits où je voulais que ça soit plus carré, plus ludique, en fait. On a réussi à tout faire en trois jours et on s’est dit qu’on était prêts.

Bela : C’est full depuis le début du Festival, non ?

Absolument, c’est plus ou moins full. Il y a eu un soir à 45 personnes, un à 65, mais les autres sont au-dessus de 100, sachant que la salle fait 125 places…

J’ai fait Hors-la-loi dans un but de pure joie. J’aime beaucoup le théâtre, vraiment, différentes formes… Mais j’avais envie de faire quelque chose où il y a de la joie. C’est en ça que c’est un spectacle populaire, grand public. Un gamin de dix ans, un quinquagénaire, un octogénaire ou des gens de l’âge du 210, donc 20-30 ans, peuvent s’y retrouver. C’est une grosse fête du théâtre en fait.

Bela : Comment es-tu tombé sur le texte de Régis ?

C’est très simple ! On buvait des verres à une terrasse un jour. Je ne le connaissais pas, c’était un ami d’ami. On discute et puis on se met à parler de westerns. On se rend compte qu’on a vraiment des goûts très semblables en la matière. Je ne vais pas rentrer dans les détails…

Bela : Quelques noms, des influences quand même… ?

Pat Garrett and Billy the Kid de Sam Peckinpah… De manière générale il faut voir les westerns de Sam Peckinpah. Ou même ses films. Sinon Unforgiven de Clint Eastwood. En gros le western crépusculaire. C’est quelque chose qui nous intéressait très fort tous les deux. J’en profite aussi pour placer Requiem for Billy The Kid, c’est terrible. C’est un documentaire fiction.

Donc, on buvait un verre, on a parlé western pendant une heure et demie, et à la fin de la conversation il m’a dit qu’il avait écrit un western pour le théâtre ! Je lui ai demandé à le lire. Il a mis quelques mois à me le filer… J’ai mis quelques mois à le lire mais après, ça a été très vite pour le monter.

Bela : Et tu as envie de faire d’autres projets avec lui ?

Oui, tout à fait ! Régis est un auteur qui écrit beaucoup et qui a le mérite de ne pas garder ça pour lui. Il diffuse. Son tout nouveau texte s’appelle La vraie vie. C’est l’histoire de voyageurs. Il y a deux hommes, une femme. Il y a un guide, aussi. Ils partent dans des pays à la recherche de l’aventure et se retrouvent face à eux-mêmes. Cette nouvelle pièce parle du rapport de l’homme blanc au voyage. Régis me l’a fait lire. Je l’ai lue très vite, cette fois-ci. Et voilà, on a le projet de se relancer, lui à l’écriture, moi à la mise en scène. Ça marche bien entre nous deux. Maintenant, évidemment, on cherche des financements, un théâtre,…

Bela : Tu penses que la présence d’Hors-la-loi aux Doms va aider à se que la suite se concrétise un peu plus facilement ?

Jérôme : Oui, évidemment. Le fait de venir ici, le fait qu’Hors-la-loi soit acheté, fait tourner le nom de Régis et le mien dans les sphères française et belge. C’est un spectacle qui a le vent en poupe – d’une certaine manière, il faut garder la tête froide ! – mais qui nous permet de présenter le prochain projet à des directeurs de théâtre, même de Belgique, pour commencer. Il ne faut pas tout de suite proposer le projet à la France. Je crois que c’est en Belgique que ça doit se recréer à nouveau. Et oui, il y a des directeurs de théâtre qui viennent voir, qui aiment l’humour, qui aiment Régis, qui sont sensibles à la mise en scène que j’ai faite et la manière dont j’ai choisi les acteurs pour la distribution… Et qui pourraient très bien être intéressés par ce nouveau projet.

Photo : © Alice Piemme

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