De vraies questions (de retour du Théâtre National)
Pourquoi le spectacle de Claude Schmitz « Mary mother of Frankestein » est-il le second volet de la tétralogie de Jacques Delcuvellerie « Fare thee well Tovaritch Homo Sapiens » ?
Pourquoi le metteur en scène et co-auteur choisit-il de construire un objet scénique plutôt beau mais radicalement coupé du public durant ses deux premiers tiers (prologue mis à part) ?
Pourquoi y construit-il une longue séquence hypnotique, où la polyphonie confine à la cacophonie et où l'accès à la matière textuelle est rendu quasiment impossible ?
Pourquoi le jeu de la distribution anglaise semble malheureusement sorti de chez James Ivory quand le jeu francophone tire davantage au Desplechin ?
Pourquoi les mots de la distribution anglaise sonnent-ils inutiles, interchangeables, sans nécessité aucune (exception faite du récit de la mort du bébé de M.S. par journal intime interposé, séquence plutôt réussie) ?
Pourquoi ai-je l'impression que l'aspect indigeste de toute la première partie n'a pour fonction que de rendre plus éclatante l'apparition et la prise de parole de la Créature ?
Pourquoi la conférence-procès menée en monologue par la Créature m'apparaît-elle comme une performance drolatique, ensorcelante et finalement brillante où Iggy Pop semble singer tantôt Antonin Artaud, tantôt Charles de Gaulle ?
Pourquoi nous priver autant du jeu saugrenu de Boris Lehman, du jeu craintif dArié Mandelbaum, du jeu galvanisant de Fabien Dehasseler et Vincent Minne ?
Pourquoi nous perdre autant ?
Pourquoi, en somme, cette parenthèse de cent minutes entre un prologue filmé très prometteur et une fin passionnante ?
Pourquoi, in fine, s'intéresser à Mary Shelley ?
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Post-scriptum transparence : Je ne connais pas personnellement Claude Schmitz. Nous avons plusieurs connaissances (plus ou moins proches) en commun. Je l'avais invité au débat foireux que j'avais organisé au Théâtre Varia en octobre dernier sur les metteurs en scène de sa (ma) génération ; il n'était pas venu. Nous nous sommes parlés un peu plus tard à la sortie d'un débat moins foireux à la Bellone où j'avais aimé ses propos. Par le fruit d'un hasard malheureux, je ne connaissais pas son travail jusqu'à hier.