Humeur ou coup de gueule

Publié le  23.11.2013

La journée avait été normale, disons sans particularité.

C'est dans cet état de rien que paf, je clique sur www.tetu.com et bang, je tombe sur le coup de gueule de Virginie Despentes[1] à propos du mariage, pour tous. En plein dans les dents Jospin. Et sur ta gueule la gauche. À genoux le patriarcat. La Despentes envoie ses coups… Tellement jouissif.

Me voilà transportée, chargée d'un élan ultra positif. Seuls les mots encore et merci me viennent du fond du cœur. Encore, Virginie. Merci Virginie. Évidemment pas moi, l'autre que j'icônerais bien, si ce n'était déjà fait.

Despentes me ravit. Des mots que j'aurais aimé dire, une pensée si clairement formulée. Je le tiens le cadeau de la journée, de la nuit et des jours à venir. Dans l'euphorie de l'instant, je clique partager. Une telle joie doit se communiquer. Le texte circule déjà, largement commenté. Sentiment de communauté. Éclaircie dans la mouise ambiante. Montée d'adrénaline, sensation de révolution.

C'était quand la dernière fois qu'un texte a bouleversé le cours des choses ? Ça ne me semble arriver que dans l'Histoire, la grande. Autrement dit le conte de fées. Mythologie construite pour servir le dominant. Même dans les révoltes de pauvres, l'ordre finit toujours par s'en sortir… Normal: On ne détruit pas la maison du maître avec les outils du maître [2].

C'est là qu'elle se place Despentes, avec sa niaque et ses gros mots, avec sa précision politique et l'entièreté de ses émotions. Elle écrit comme il faut pas. Logique qu'elle s'en prenne plein la gueule, elle n'adopte pas les bons codes, ne joue pas le bon jeu. Qu'est-ce qu'elle croit, qu'en mettant les pieds dans le plat, on va l'admettre à la table des grands ? L'électron punk va se faire bombarder, de l'attaque la plus bête et surtout basse: c'est mal écrit.

Si ça c'est mal écrit…

J'aurais aimé qu'on m'apprenne la littérature en commençant par des textes qui me concernent, avec la poésie ou l'habileté qu'ils se seraient inventés. Mais l'Art, c'est comme l'Histoire, toujours un truc de dominants, sauf parfois.

Tiens, ça me donne envie d'aller vérifier dans mon Lagarde et Michard.

 

[1] http://www.tetu.com/actualites/france/virginie-despentes-repond-a-lionel...

[2] Audrey Lorde.

À découvrir aussi

Le temps c'est de l'argent #3

  • Fiction
En cette période de crise économique particulièrement douloureuse pour l'Italie et l'Europe certains comprennent mal qu'on n'hésite pas à emprunter des milliards pour construire une ligne de chemin de...

Pourquoi faire péniblement aujourd’hui ce qu’on peut aisément remettre à demain?

  • Fiction
10h04. Je m’installe à ma table de travail, fraîche, reposée, réjouie par la journée en perspective: pas de contraintes, pas de rendez-vous, pas d’obligations, pas de distraction en prévision. Dehors,...

Dédicacer, c'est un métier

  • Fiction
Dédicacer, c’est un métier.   Cher lecteur de mes bandes dessinées, j’ai envie de te connaître mieux. Ton avis m’intéresse, ce que tu as aimé, ce que tu n’as pas compris, ce que tu crois imaginer de l...

L'écrivain du dimanche

  • Fiction
Je suis un écrivain du dimanche. Et encore… À l'instar de tous les écrivains du dimanche, enfin… c'est ce que je me dis pour me consoler entre une série à la télévision (américaine, comme toutes les b...