Jacadi a dit

Publié le  13.08.2013

Prolongez pavillon oreille main gauche droite écoutez
un deux trois inspirez
armes aux yeux taillez
au dedans la sonde plongez
soufflez
Jacques a dit
Ouvrez yeux grand vos oreilles
Feuilletez livre d'images
sur papier plume grattez
sons passant par tête écrivez
idées par couleurs notez
le livre d'images fermez
prêtez l'oreille
Jacques a dit
la voix ensemble de sons sortis de bouche
à haute celle-ci La voix
liste sons perçus lisez
puis pavillons oreilles rabattez
voix résonner soi écoutez
sismographe chair écran scrutez
voix tête gorge ventre décelez
Jacques a encore dit
ailes pavillon tête décollez
paupières débattez
courbe voix
nuit jour
entre chien loup
chantez
microphone activé
enregistrez
votre bouche aux contours syllabes
l'autre vous écoutez
lisant liste sons perçus
lorsque livre d'images feuilletiez
entendre soi
ligne mélodique
avec yeux continuez
voir

prêtez l'oreille

 

[de loin en regardant
le bruissement des arbres sous ciel sec
une brume de la mer
jusqu'à vos oreilles parvenue
le va et vient d'un certain vent
un chien par vague hurlant]

Jacques a dit
le silence cherchez
dans toutes les liaisons
une voix se trame
la vôtre et l'autre celle
que les autres
de leurs oreilles entendent
en vous écoutant
celle-là de voix n'est pas comme vous l'entendiez
ni comme vous la voulez
mais bien vôtre
pho-to-gra-phi-ez
sur reflet d'écho accrochez
en miroir sonore
à l'aube
dialoguez
ce langage d'une autre rive
cliché incrusté cochlée pupille
autoportrait
vous croyant enfin sur parole
armes aux yeux taillez
au dedans la sonde plongez
soufflez
Jacques a dit
les yeux en nage
sur les pavillons rabattus
en tic tac dac-ty-lo-graaa-phiez phonétique
cette comptine sous la voûte nichée

prêtez l'oreille

empreinte sonore
à son antenne déployée
votre voix touchez
fibres survivantes
de l'autre rive
plus tout à fait vôtre
sans être tout à fait autre
mémorisez
articulant pause de l'écoute
continuez à noter
y a-t-il quelque chose qui vous échappe
quelque chose encore à entendre
si n'arrivez
faites espace marge
laissez vacant
revenez plus tard
Jacques a dit
Laissez reposer
puis de nulle part
même rauque au portillon
une symphonie recomposée
d'une parole trop longtemps sous scellés
silencieuses débattues des éternités
combat flot stridents en écho les mots puis ronds flottant sans bouée
refaisaient surface attendant le signal et l'assaut

 

Jacadi a dit prêtez l'oreille dure sourde ensablée ou traînante prêtez l'oreille
regardez sonde plongez
soufflez
prêtez l'oreille
silence sur pause adossée
ajoutez battement d'ailes papillon prêtez l'oreille
puis venant droite mono
sur nuage des voix
cacophonie
venant gauche croassant volatile stéréo saccadée à l'oreille essaim d'abeilles
au centre le bourdon
sous tunnel crépitements électriques amplifiez
mixez brouillard
réduisez aigus
laissez ralentir décibels humides
accélérer phonèmes plastifiez
l'inaudible bémol en cascade captez
dans petite chambre d'écho
placez le tout rassemblez
recouvrir avec nappe incolore menaçante et sourde
actionnez chaque son sur chaque image
le livre ouvert
mettez à plein volume
parlez
le micro ouvert
d'une voix claire
du dedans et dehors
scandez aux lèvres mots claqués
balayez bouche articulez les pas allers venues demi cercle face micro
battez la mesure pied vibration aux cloches tintées
hauts parleurs en route
electrogramomegaparlotélé-phone en route
jacques a dit
œilleton sur guidon
le silence en ligne de mire répétez
je répète
œilleton sur guidon
le silence en ligne de mire
répétez
œilleton guidon
le silence en ligne répétez
œilleton mirez
le silence répétez
si lent

 

[Les fenêtres de la cité se sont allumées
portes ouvertes volets clos
le silence en ligne de mire les voix et vitres ont volé en éclats ont roulé déboulé giboulées nord sud ouest est rotatives ont continué de rouler rondes incessantes effrénées brûlant sous haute tension pupilles tourniquet disparaissant de mille réduites à une vrombissante jacques a crié qu'il pleuvait dans toutes les langues perles de plomb au-dessus têtes devenues pluie degré vapeur dégageant souffle plainte grise
en bas une rangée de balançoires que le vent portaient de haut en bas berçant des silhouettes fredonnant en choeur bataillon de lettres rebondissantes sur les pattes des chiens au garde à vous]

 

prêtez l'oreille
ouvrez grand yeux
en soie de lance
gardez le livre ouvert

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