Le non-achat compulsif
Non, aujourd'hui, je n'ai pas bénéficié des 500 points-plus à l'achat d'un paquet de 56 tablettes pour mon lave-vaisselle, ni de la boîte de cure-dents gratuite à l'achat de deux tubes de dentifrice.
Non, aujourd'hui, je n'ai pas profité de la promotion « un verre de bière» à l'achat de 6 packs de cette boisson d'homme, ni des avantages à l'achat d'une boite de 60 lingettes de toilette.
Non, je n'ai pas acheté les 4 cannettes de boisson énergisante, ni les 5 paquets de confiseries au jus de fruit, ni les 3 bricks pack de gazpacho, ni les 2 flacons de gel anti-calcaire pour machine à laver.
Non, je n'ai pas acheté le snack 85gr pour mon chien, ni les trois oreilles de porc au meilleur prix : le chat n'aurait pas compris.
Oui, j'ai laissé pourrir les bons de réduction dans le fond de mon vieux cabas usé.
Non, je n'ai pas répondu à la lettre personnalisée du magasin de prêt à porter pour le jour de mon anniversaire.
Non, je n'ai pas commandé 10 rames de papier pour recevoir une série de sacs de voyage gratuite et, non, je n'ai pas orienté mes achats pour recevoir mes trois gogos (gogos vous-mêmes !).
Non, je n'ai pas contribué à épuiser le stock mis à ma seule disposition.
Non, je n'ai pas la carte privilèges.
Non, je n'en veux pas de cette carte et ne me regardez pas avec cet air éberlué et attristé à chaque fois que je passe à la caisse.
C'est que je suis une « non-acheteuse compulsive ».
Je chouchoute le pull à deux euros en soldes de chez OXFAM (il y a longtemps, une folie...).
Ma carte bancaire est une carte banquise et, la plupart du temps, plutôt que de les lécher, je crache sur l'obscénité des vitrines racoleuses.
Je suis satisfaite de ma vieille robe à fleurs, je pleure quand « ma » paire de chaussures rend l'âme et je suis au comble de l'euphorie quand je laisse ce magnifique chemisier à 80€ sur son cintre malgré ses clins de boutons pressions aguicheurs.
Mais qui sait ce à quoi demain pourrait ressembler... Je ne dirai peut-être pas toujours « boutique je ne mange pas de ton pain ». Un jour, peut-être, je pénètrerai dans le tourniquet qui me télé-transportera dans le monde de la consommation active et infinie.
Consumée, je resterai la tête coincée dans le manège des bonnes affaires, du côté obscur de la farce.