Muses de Bela - Biefnot-Dannemark

Publié le  25.02.2014

Au départ, il y a l’envie de provoquer la rencontre. De voir comment les pratiques se répondent, ricochent, ou pas, font des grands écarts. En 2014, pendant la Foire du Livre de Bruxelles, nous invitions des auteurs dans un salon aménagé sur notre stand. On leur a dit : soyez la muse l’un(e) de l’autre. On leur a dit aussi : on aimerait que vous parliez de votre métier d’auteur. On a ajouté : si vous nous envoyez un portrait après, ça nous intéresse – mais si vous préférez partir sur la fiction, l’illustration, la poésie, … allez-y. On leur a dit enfin : vous avez 48h pour nous envoyer votre création après la rencontre.

Le 25 février 2014, nos muses étaient Véronique Biefnot et Francis Dannemark.

Le duo a réalisé un texte suite à la rencontre avec Marc Van Buggenhout :

Hypnos, Hypnose

Dans la lumière aveuglante d’un cirque d’enfance,
dans la subtile architecture du sommeil,
Céline et Julie, Juline et Célie, où voguent-elles ?
Sur le fleuve Jaune avec le petit Tom,
ou, derrière le rideau rouge,
sur la scène de tous les souvenirs, perdus et revenus ?

Vaut-il mieux que l’oubli, le vertige ?
Tendres marionnettes, prises au jeu de quel magnétiseur,
dans le réseau fragmenté de son trop vaste cerveau ?

Il était un petit Tom, un petit tailleur, il était une fois,
il était un piège à rêves et des fils emmêlés au bout des doigts.
Juline et Célie, Céline et Julie, dans un doux théâtre d’ombres,
vont-elles, pour cet enfant devenu grand,
n’être qu’une enfin et quitter l’écran,
dans la tendre lumière du jour ?

Biefnot-Dannemark a réalisé un texte suite à la rencontre avec Delphine et Federico 

Un momento perfetto (Allegro)

Je pile devant ta face, pile tu devines, face je t’embrasse.
Et si tu passes ? Est-ce un impair ?
Quelle est la mise ? Un vrai baiser ?
Entre tes rires du sud et mes pudeurs du nord,
dans la chaleur du Wolvendael et les jeux des enfants,
nos coeurs déjà savaient quand nos mots hésitaient encore.
Pile je devine, face tu m’embrasses ?
C’était un jeu mais la partie était gagnée d’avance.

Brins d’herbe et pincées d’épices,
lumière de l’après-midi, des gens partout autour de nous,
et moi qui ne voyais que le charbon noir de tes yeux,
moi qui me souvenais de tes mains et de tes mots italiens,
qui dansaient, chantaient, dessinaient des saveurs.

Je pile devant ta face, pile tu devines, face je t’embrasse.
Et si tu passes ? Est-ce un impair ?
Quelle est la mise ? Un vrai baiser !
Un bacio perfetto.

À découvrir aussi

Moi, Unica Zürn, la poupée

  • Fiction
En 1931, l'année où ma mère épousa Doehle, c'étaient mes yeux qui viraient au noir chaque fois qu'ils croisaient le regard du zélé-nazi-qui-était-ministre-de-Hindenburg-et-pogromait-les-juifs-afin-d'é...

Muses - « La Force »

  • Fiction
Une étroite bande rouge autour du cou, et le visage aigu, et la méfiance, dessinaient l’échiquier. Les noirs. Les blancs. J’ai avancé la main. La partie commençait. Des tasses en porcelaine, des nivea...

Derrière nos yeux, Anton Bialas

  • Fiction
Cette année encore, on a demandé aux étudiants de l'Insas qui se rendaient au FID de Marseille avec la Scam de nous ramener quelques impressions du festival... Voici la contribution de Clara Bagni, et...