Muses de Bela - Edgar Kosma

Publié le  04.03.2015

Au départ, il y a l’envie de provoquer la rencontre. De voir comment les pratiques se répondent, ricochent, ou pas, font des grands écarts. Cette année, pendant la Foire du Livre 2015, nous invitons des auteurs dans un salon aménagé sur notre stand. On leur a dit: soyez la muse l’un(e) de l’autre. On leur a dit aussi: on aimerait que vous parliez de votre métier d’auteur. On a ajouté: si vous nous envoyez un portrait après, ça nous intéresse – mais si vous préférez partir sur la fiction, l’illustration, la poésie,… allez-y. On leur a dit enfin: vous avez 48h pour nous envoyer votre création après la rencontre. Et les voilà:

 

Dimanche 1er mars, nos muses étaient Kenan Gorgun et Edgar Kosma. Voici le texte réalisé par Edgar:

La rencontre entre Kenan Görgün et moi débute, cordialement. On se présente, je lui explique un peu ce que je fais, mes différentes casquettes en tant qu’auteur et éditeur, il fait de même, cool, et lorsque je lui parle de la BD Le Belge que je scénarise, il me demande alors : « Tu bosses avec Edgar Kosma ? » Là, je le regarde, je ne sais pas quoi répondre et ne trouve rien d’autre à faire que de lui montrer mon badge. Il devient un peu pâle et se prend la tête dans les mains. Mais qui pensait-il que j’étais ? Je ne le saurai jamais. Heureusement pour lui, je ne le prends pas trop mal et lui n’est pas trop gêné. En fait, ça nous fait même bien marrer et la rencontre reprend dans une bonne humeur encore plus cordiale.

 

Kenan, j’ai l’impression que c’est un type qui a plein de points communs avec moi et en même temps qu’on est complètement différents.

 

Nous sommes deux auteurs dont le père était ouvrier et nous avons grandi dans une maison sans beaucoup de livres. C’est peut-être pour cette raison qu’on a eu envie de prouver, au début, qu’on était capable, nous aussi, d’écrire, puis envie de surprendre, d’arriver là où on ne nous attend pas. On écrit tous les deux des romans, mais aussi des nouvelles, puis on est scénaristes, moi de BD et lui plutôt dans le cinéma, en variant aussi les genres, sans trop se fixer de limite. J’aimerais bien encore parler de ça avec lui.

 

On tombe aussi d’accord sur le fait que le terme « auteur » est salvateur, en ce sens qu’il permet de décrire parfaitement nos activités, sans devoir recourir à des mots plus pompeux tels : écrivain, romancier, nouvelliste, etc. Le terme « auteur » est d’apparence plus modeste, artisanale, plus ancré dans l’action, l’agir, que dans la représentation.

 

 

Par contre, un truc qui nous distingue diamétralement, ce sont les horaires de travail. Kenan m’a confié se lever tous les jours à 3h40 du matin pour travailler. Après un petit café et une petite clope, il est donc à 4h devant son ordi. Moi, de mon côté, je suis plutôt du genre à travailler l’après-midi et à déborder sur le soir et la nuit lorsque la deadline approche. C’est marrant, je trouve, d’imaginer cela sous cet angle, comme s’il ouvrait son ordi quand je ferme le mien, qu’il travaille pendant que je dors, et que, le matin, quand je me lève et recommence à travailler, lui arrête et va faire une petite sieste, comme un couple qui partage les mêmes lieux mais qui n’arrive jamais à se croiser.

 

Finalement, le plus étonnant encore durant cette rencontre, c’est peut-être le fait qu’une des seules choses que nous n’avons pas vraiment abordé, c’est que nous avons en fait une actualité commune : nous sommes tous deux contributeurs du recueil Bruxelles Noir qui va sortir le 2 avril prochain aux éditions Asphalte et qui sortira ensuite en version américaine chez Akashic Books.

 

Après coup, je me dis qu’il y en avait au moins un de nous deux qui, à force de travailler à des heures pas possibles, ne devait pas être bien réveillé ce dimanche-là, dans les petits fauteuils vintage de la Foire du Livre de Bruxelles.

 

PS : Kenan, c’est quoi ton adresse pour que je t’envoie une carte postale d’Istanbul, début avril ?

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