Passion

Publié le  24.06.2011

Les premiers temps de l'amour, on se demande parfois si on n'a pas eu une petite attaque. Les maladies les plus bizarres vous prennent à tous âges à présent. L'un perd ses cheveux à vingt ans, l'autre meurt du cancer à trente. Tout est possible. On remue la jambe gauche, puis la droite, pour voir si le corps répond. On ne serait pas surpris de se découvrir hémiplégique. Non, ça va. Pourtant, l'effroi demeure, que rien ne dissipe. Le cœur bat tellement fort, l'estomac est si tordu de crampes, qu'on se croit victime du poison. Et puis, ça vous revient soudain... le coup qui vous est arrivé, la sentence de mort…On est amoureux.

 

Amoureux, c'est-à-dire perdu. Personne ne peut plus rien pour vous. Sauf celle que vous aimez, et qui est bien la dernière à vouloir votre salut.

 

L'amour qui frappe comme une maladie grave n'a d'amour que le nom.

 

On n'est pas là dans l'échange du plaisir et du secret. On n'est pas là dans le désir d'être l'un pour l'autre. On est dans une spirale destructrice dont les deux amoureux souffrent (l'un plus fort que l'autre, il est vrai).

 

On est dans la passion.

 

Il n'y a plus qu'une chose à faire, qu'une chose qui compte. Guérir.

 

La guérison ne consiste pas à tuer l'amour d'un coup, mais à tout faire pour que peu à peu, il s'atténue, qu'il cesse d'être violent, déchirant, qu'il se transforme en autre chose, de plus indifférent ou de plus tendre, et vous transforme aussi.
 
On se sert de l'autre, de sa passion de l'autre, pour trouver la force et le temps nécessaires à aimer moins. Ainsi, l'amour avec quelqu'un nous aide à nous guérir de notre amour pour ce quelqu'un. C'est une solution absurde mais nécessaire. La survie est à ce prix.

 

On s'y résigne difficilement. On connait la fin prévisible. On sait qu'on souffrira quand même, quand les dernières rencontres se seront fondues en une seule, la vraie dernière, et qu'ensuite il n'y aura plus rien, plus rien, et qu'il faudra rester vivant.

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