Rome. Encore et toujours

Publié le  14.10.2011

Rome.
Pourquoi sa rencontre constitue-t-elle chaque fois, non pas une surprise mais un perpétuel renouvellement d'un bonheur, un bonheur que l'on ne retrouve dans presque aucune autre ville ?

Immersions et dérives sont deux de ses sésames, pourvu qu'on accepte d'y marcher, de s'y perdre, de s'y trouver.  Le promeneur, le visiteur, le touriste même, dispose-t-il d'un autre choix ? Là commence sans doute la subtile emprise de Rome.  Ses plaisirs ne sont jamais tarifés mais tellement pleins de divines surprises.

Escaliers, rue sinueuses, places, dénivellations ou jardins intérieurs font la coquette ou la coquine, la marquise ou la servante, la jeunette ou la  très vieille, la ballerine ou la flâneuse.  A Rome, les fontaines ne sont pas des jets d'eau frustrés mais des miracles de plaisir, de courbes et de rebondissements ! De blanches tendresses.

Rome est femme à un point rare, elle n'a pas besoin de le clamer. Les gros coups de poings des Savoie ou des fascistes, elle est même parvenue à la  enrober, à les enrôler dans son corps aux ressources innombrables.  Il continue de bruire de vraies humeurs alors que se sont éloignés parades et panaches triomphants ou mortifères.  Ses collines l'y ont aidée, comme son histoire mais aussi l'étroitesse relative du fleuve qui l'innerve sans la découvrir.  L'impériale sait être langoureuse.
Pas question en ces lieux d'un Esprit surplombant l'éternelle entreprise pour y imposer des perspectives, des sujets ou des découvertes connues avant même leur mise en œuvre ! Le management comme l'abstraction froide sont le contraire de cet art de vivre et d'aimer qui ne cesse de jouer du concret et du tactile sur lesquels la lumière peut s'épancher à l'égal d'une main.
A Rome, ruelles et ruines, temples et monuments, églises et palais, négoces et établis trament une fable aussi foisonnante que l'infinie reprise dont est faite son architecture.  Tout le contraire en somme, de la Création censée avoir produit le monde, et dont rois et présidents, architectes et urbanistes ont souvent cherché à reproduire le modèle autoproclamé.

Ici, tout est reprise, retouche et réutilisation, Résurrection charnelle.
Ici, les plus grands ont dû se couler dans une donnée pour en produire une autre.  Dans un renouvellement infini.

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