Dossier #Étude sur les auteurs et autrices de livre : interview du comité d'accompagnement

Publié le  18.06.2021

« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. » Conformément à ce proverbe africain, en fédérant autour d'un même projet plusieurs personnes d'expertises variées, l'intelligence collective permet de faire naître des solutions inédites, d'être plus inclusif et efficace. Quand on se lance dans une étude qui se veut représentative de la diversité des pratiques d'écriture, il est important que ce principe soit au cœur de la méthode de travail.  

En ce qui concerne l'étude sur la situation socio-économique des auteurs et autrices de livre en Fédération Wallonie-Bruxelles lancée le 28 mai 2021 via un questionnaire en ligne (accessible jusqu'au 27 juin prochain), l'asbl Bela a pu compter sur la contribution des principales fédérations professionnelles d’auteurs et d’autrices du secteur du livre en Belgique francophone : l'ABDIL, l'AEB, l'AREAW, la Scam et la SABAM. Entretien avec les représentants de chacune de ces 5 associations : Cyril Elophe, Anne-Michèle Hamesse, Patrick Devaux, Frédéric Young et Sylvie Godefroid. 

Quelles sont les missions de votre association professionnelle ?

Cyril Elophe (ABDIL)

ABDIL, pour Auteur.rices de la Bande dessinée et de l’Illustration, est une ASBL qui vise à fédérer les créatrices et créateurs de ces disciplines en Belgique francophone. Les buts sont d’assurer une représentation collective qui tienne compte des multiples réalités de nos professions, de militer pour une reconnaissance effective de nos disciplines dans les financements publics, de pouvoir œuvrer (lorsque le choix de parcours est professionnel) à un statut adapté à nos conditions de travail. Nous militons aussi pour une juste rémunération de l’ensemble de notre travail et, notamment, de la partie consacrée à la création.

Anne-Michèle Hamesse (AEB)

La mission de l'AEB (ndlr Association des écrivains belges de langue française) consiste à mettre en lumière les écrivains belges de langue française. Pour ce faire, des soirées sont organisées chaque mois à la Maison des Écrivains (en présentiel ou via vidéoconférence pendant la pandémie de Covid-19). L'AEB compte environ 350 membres dont il est important de visibiliser les ouvrages et activités. La revue Nos Lettres de l'association s'y emploie à travers des entretiens à propos de leur parcours et des recensions de leurs derniers livres. Abritant aussi le Musée Camille Lemonnier et un Espace Simenon, la Maison des Écrivains accueille aussi des après-midi de poètes et des réunions consacrées au théâtre.

Patrick Devaux (AREAW)

La mission de l'asbl AREAW (ndlr Association royale des écrivains et artistes de Wallonie-Bruxelles) consiste en la promotion de la culture francophone de Wallonie au sens large. Nous l'accomplissons à travers 3 grandes actions : 

  • des réunions périodiques mensuelles avec des écrivains,
  • la coordination de la revue trimestrielle Reflets d’environ 120 à 150 pages qui fait la part belle à des recensions d’auteur.rices, à de la poésie, à des articles de fond concernant notre patrimoine wallon, à des textes en wallon, etc.,
  • la mise à jour d’un site qui annonce les réunions et les manifestations culturelles en tout genre (expositions, séances littéraires d’autres associations, etc.).

Frédéric Young (Scam)

La Scam (ndlr Société civile des auteurs multimédia) a 5 missions principales :

  • Percevoir et répartir les rémunérations individuelles ou collectives (sonores, audiovisuelles, reprographie, prêt public, enseignement, copie privée) de nos membres ;
  • Conseiller nos membres sur leurs contrats et autres questions juridiques, sociales et fiscales (la Scam est agréée comme organisme de gestion des droits) ;
  • Informer les auteurs et les autrices ;
  • Organiser des soutiens culturels (aides à la création/actions culturelles) et sociaux ;
  • Représenter les auteurs et les autrices dans tous les débats qui les concernent ainsi que dans les instances de concertation (la Scam est reconnue comme fédération professionnelle).

Sylvie Godefroid (SABAM)

La Sabam (ndlr Société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs) n’est pas une association professionnelle mais une coopérative, une société de gestion collective. Bien qu’une légende urbaine vende le contraire, la Sabam est une société privée, qui a été fondée en 1922 par des auteurs pour des auteurs. Ils partaient du postulat suivant : « On est plus forts ensemble. » La mission principale de la Sabam est donc, par essence, de rémunérer les auteurs chaque fois que leurs œuvres sont utilisées publiquement. Une noble mission, importante et essentielle pour les auteurs. Et quand je parle des « auteurs », je parle de tous les auteurs puisque la Sabam est une société pluridisciplinaire. En d’autres mots, elle s’occupe de toutes les disciplines artistiques. C’est ce qui fait sa particularité.

Quel rôle jouez-vous dans le comité d’accompagnement de la présente étude ?

Cyril Elophe (ABDIL)

J’ai participé à la rédaction du questionnaire, en qualité d’auteur de bandes dessinées et d’illustrations. Je me suis appuyé en partie sur mes expériences personnelles, mais surtout en m’efforçant de tenir compte des différentes situations constatées, depuis des années, auprès d’autres auteur.rices, au cours d’un long parcours associatif. 

Anne-Michèle Hamesse (AEB)

Nous avons eu l’occasion de donner notre avis sur le questionnaire et de le diffuser auprès de nos membres. 

Patrick Devaux (AREAW)

Nous avons relu le questionnaire pour avis en vérifiant si les particularités des membres de notre association étaient bien représentées. Nous l'avons ensuite relayé via notre newsletter qui comprend beaucoup d'abonnés et abonnées.

Frédéric Young (Scam)

C’est un groupe d’auteurs et d’autrices de la Scam, présidé par Isabelle Wéry, qui est à l’origine de cette étude, s’inspirant d’une première expérience de recherche menée dans le domaine de la création documentaire (à l’initiative de Paola Stévenne et de Renaud Maes). Nous veillons à ce que l’étude demeure un projet par et pour les auteurs et les autrices.

Sylvie Godefroid (SABAM)

L’étude qui est mise à la disposition des auteurs et autrices de la FWB servira à mieux comprendre les tenants et les aboutissants du secteur des lettres, des conditions de travail et de création des auteurs et des autrices. Elle est amenée à devenir un outil au service de décisions culturelles qui devront être prises, et d’éventuelles solutions à apporter au secteur. Le rôle de la Sabam est principalement d’être un relais auprès des auteurs. Nous avons pu observer le sérieux et le professionnalisme avec lequel l'équipe de l'asbl Bela a mis tout cela en œuvre. À présent, nous avons transmis via nos réseaux d’information cette étude à nos auteurs et nous espérons qu’ils seront nombreux à donner suite.

Avez-vous déjà participé à ce type d’enquête ?

Cyril Elophe (ABDIL)

J’ai déjà répondu à d’autres enquêtes de ce type, mais je n’avais jamais participé à leur mise en place. Avec les comités d’ABDIL, il nous arrive de concevoir des questionnaires à l’intention des membres de la fédération, mais le cadre est tout à fait circonscrit sur des points précis, afin de porter une parole collective.

Anne-Michèle Hamesse (AEB)

Je n'ai jamais participé à ce type d'enquête.

Patrick Devaux (AREAW)

Non, je n’ai jamais participé à ce genre d’étude.

Frédéric Young (Scam)

Outre l’étude mentionnée ci-dessus, la Scam a mené ou participé à plusieurs études, de moindre ampleur, sur la situation socio-professionnelle des auteurs et autrices notamment en vue d’identifier les propositions les plus pertinentes à formuler pour la réforme en cours de leur protection sociale.

Sylvie Godefroid (SABAM)

La Sabam représente toutes les disciplines artistiques. Elle est donc régulièrement sollicitée par d’autres entités pour collaborer à des enquêtes.

Quelles sont les prochaines étapes une fois que les résultats de l’étude seront connus ?

Cyril Elophe (ABDIL)

C’est un élément très important, pour une fédération, d’avoir des outils d’analyse de la situation des auteur.rices de nos secteurs. À la différence d’autres professions, nous n’avons pas de cadastre ou de visibilité sur le volume d’emplois, la qualité de la rémunération, la précarité de certain.es auteur.rices, etc. Nous espérons donc une large participation qui nous permettra d’affiner nos revendications que ce soit sur le financement public, la nature et les barèmes de nos rémunérations, les mécanismes indispensables à nos statuts professionnels, la diffusion de notre travail. Cette enquête étant une initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous espérons que cela aura un impact positif sur le financement de la bande dessinée et de l’illustration, actuellement scandaleusement dérisoire. 

Anne-Michèle Hamesse (AEB)

Les résultats serviront à identifier certaines situations objectives que l’AEB pourrait améliorer en mettant en place des mesures spécifiques.

Patrick Devaux (AREAW)

Les résultats de cette étude nous permettront de mieux connaître les réalités quotidiennes de nos membres et d'éventuellement adapter nos services en conséquence. 

Frédéric Young (Scam)

Nous espérons que l’étude aura 3 résultats concrets :

  • améliorer nos services ou en développer de nouveaux ;
  • valider ou modifier, enrichir, les positions que nous prenons dans les débats professionnels et dans les instances d’avis ;
  • informer et dialoguer avec les responsables publics, notamment le SGLL et la FWB en général, mais aussi le fédéral, les régions et les pouvoirs locaux sur base de données précises et objectives.

Sylvie Godefroid (SABAM)

Nous espérons que cette enquête ne sera pas seulement une somme d’informations intéressantes mais un véritable outil qui sera utile pour développer le secteur des lettres en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il en a grandement besoin !

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