Olivier Py : « De l'eau pour les poètes »
par Sylvia Botella
Deux questions à Olivier Py, calme et sans repos, dans les jardins de l’Université Louis Pasteur à Avignon.
Qu’est-ce qu’un auteur ?
Moi, je n’ai jamais beaucoup aimé les auteurs. J’aime les poètes et je n’aime pas beaucoup les auteurs. Il y a une sorte de différence ontologique si j’ose dire. L’auteur devrait être en retrait de sa propre parole. Le poète n’est rien d’autre que sa propre parole pour tenter de garder un peu de joie au monde. Le poète ne sait pas ce qu’il fait. L’auteur, il vaut mieux qu’il le sache (rires). Je me suis-moi-même jamais senti très « auteur », cela ne me va pas, je ne suis ni un écrivain ni un auteur, je suis un poète. Donc je ne sais pas ce qui se passe quand j’écris. Je ne sais pas écrire. Je suis incapable d’écrire. Oui, je crois qu’il y a une différence. Et je crois qu’en tant que poète, j’identifie des poètes.
Quels sont les poètes qui vous portent aujourd’hui ?
Un peu toujours les mêmes (rires)… auxquels je reviens toujours avec le même amour. J’éviterai de dire William Shakespeare et Marcel Proust qui ne sont pas a priori considérés comme des poètes. La lecture d’Edmond Jabès est pour moi extrêmement importante. J’ai été beaucoup plus formé par Edmond Jabès que par Bertold Brecht. Donc il y a quelques poètes avec lesquels j’ai un rapport un peu plus intime. Georges Bernanos que j’ai beaucoup lu et qui est un drôle de poète, un poète romancier. Mais pour moi, c’est un poète. Et puis des vivants. Quelle chance, quel bonheur de découvrir un poète. La découverte de Lydie Dattas a été pour moi un très grand choc. Il y a moins d’un an, j’ai dévoré tous ses livres en une semaine. Et je dirai que dès les dix premières pages du premier livre que je lisais, je savais qu’elle devait avoir une place au festival. C’est quelqu’un qui m’aura aidé à vivre, qui m’aura éclairé sur mon destin. Alors j’espère que je ne serai pas le seul. Mais je ne suis déjà pas le seul (sourire).
Propos recueillis le 19 juillet à Avignon.
photo: Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon – © Carole Bellaïche / Festival d’Avignon