Ce que vous avez semé est tombé dans l'oreille de Myriam Saduis - Le billet du comité

Publié le  05.08.2016

Myriam Saduis est metteuse en scène et autrice. Membre du comité belge de la SACD, elle fait partie de la délégation à> Avignon et ramène une dernière impression du Festival, en forme d’échantillons…

Le festival d’Avignon s’achève, petites phrases entendues au gré des spectacles. Echantillon.

 

Sortie de la cour d’honneur Les Damnés de Visconti – Mise en scène de Ivo Van Hove :

-          Une spectatrice à son amie : Tu vois, le spectacle c’est clair, quand arrive ce genre de pouvoir, on n’a plus le choix.

-          Une autre spectatrice saisissant la conversation : On a toujours le choix.

-          La première : Mais alors on meurt.

-          L’autre : je ne suis pas sûre que la vie biologique ait tant d’importance si, en échange, il faut en passer par ce qu’on vient de voir…

-          La première : Oui, d’accord, je suis d’accord, mais si on veut vivre…

-          L’autre : Pour moi le choix est clair.

-          La première : Pour moi aussi.

Silence(s), son des pas dans la nuit étoilée…

 

Après-midi – Place des Carmes – Couple avec vélo – Sortie de spectacle non identifié

Couple au vélo

La femme : « Non mais tu vois, là, là, total, je suis d’accord avec toi, au niveau de la radicalité c’est … même si la forme, hein ? Bon !  Mais d’un côté la radicalité, tu vois… »

L’homme, chipotant son vélo : « Ouais… »

La femme : « Ben oui, là, tu vois, je suis d’accord avec toi, je crois qu’il voulait vraiment transgresser, c’est quand même ça qu’est fort, hein ? Mets le cadenas, c’est plus sûr… »

Cloitre des carmes – « QUÉ HARÉ YO CON ESTA ESPADA?[1] » de Angélica Lidell

Avant le spectacle, lecture du programme par ma voisine à son compagnon, à haute voix :

-          Oh dis donc, écoute ça : « …Bien que l’argent ne soit pas un obstacle, je produis mes œuvres avec ce que les grands 

-          directeurs européens gaspillent en préservatifs après les cocktails… Moi, je suis une directrice artistique de cinquante ans, j’utilise l’argent pour ma création » (rires)

Début du spectacle, entrée d’Angelica Lidell sur le plateau, robe lamé rouge, soulèvement de la robe, sexe nu, offert, « Origine du monde » sous les étoiles…

La voisine chuchotant à son compagnon : « Oh dis donc !  On dirait vraiment pas qu’elle a 50 ans, hein ? ». Silence

 

Vedene – SQUARE DES HEROS de Thomas Bernhard – Mise en scène Krystian Lupa

Fin du spectacle, standing ovation, puis marche lente dans les travées, d’autres spectateurs restent assis, comme sidérés…. Un spectateur à voix basse à sa voisine :

-          Je ne m’attendais pas du tout à ça…

-          C’est-à-dire ?

-          À ça… à quelque chose de….

-          De … ?

-          Je ne sais pas, pur, quelque chose de pur et terrible, terrible… (souffle) je ne sais pas. Il faut que je réfléchisse….

Je ne sais pas, il faut que je réfléchisse…. Miracle du travail de Lupa. Moment absolu.

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