Ce qui me touche 1 - leurs mains
- Les mains de C. sur moi dans la petite pièce, au fond du couloir, ses yeux brillants quand elle dit : j'aime le corps allongé sur la table. Tous les corps, aucun ne me dérange. J'aime sentir l'émotion sous mes mains, la chaleur, la tendresse, le corps qui s'ouvre. J'aime la matière humaine.
- Les mains de MC., couvertes de taches brunes, à cause du soleil d'Egypte et de la terre mouillée. C'est toujours une surprise, dit-elle. Tu émailles tes pots et tu les mets au four. Tu ne peux pas prévoir ce qui sortira. Si tu ouvres trop tôt, c'est explosion, et la désillusion, toute la fournée en morceaux.
- Les mains de F. qui caressent la phrase, quand il lit à haute voix, avec ce défaut à la première phalange de l'index.
- Les mains de M. sur sa flûte, très pâles, effleurant les trous du si et du sol ; le souffle passé entre le bois et la peau.
- La droite de S., abîmée par la malnutrition, serrant son crayon.
- La gauche de JC., toute tordue autour de son écriture contrariée.
- Sur un mur de l'ancienne prison de Valparaiso, une main enchaînée et dehors, dans la calle, la main de Fatma.
- Les mains de ma mère sur la machine à écrire Olympia, la cigarette au bout de ses doigts.
- Les mains de T., sages comme les racines d'un vieil arbre, retrouvent l'agileté dès qu'ils touchent le piano. Elle les laisse faire et malgré les mouvements qui traversent ses mains, son visage est paisible, attentif.
- Un soir où il faisait très noir, les mains de la voisine, par-dessus le mur du jardin. Dans le cadre orangé de sa fenêtre, ses mains dansaient devant son visage.
- Quand B. raconte une histoire comme en Inde, elle glisse ses doigts dans les postures de cette autre culture pour dire l'amour, et m'écrit : Où va la main va le regard, et où va le regard va la pensée, et où va la pensée, se trouve le coeur...