J'Hesme

Publié le  24.07.2010

j'aime Clotilde Hesme parce que son désir de jouer est palpable, énorme, bouleversant.

 

j'aime Clotilde Hesme parce que sa capacité à faire entendre Brecht, sa précision et son goût de la rupture subite dans le jeu, sa maitrise de la surprise sont jouissifs.

 

j'aime Clotilde Hesme parce que sa voix est nette, puis virevoltante, puis tranchante, puis lyrique, puis déglinguée, puis bulldozer, puis oisillon.

 

j'aime Clotilde Hesme parce que son corps est son outil, glaise, élastique, muscles, chair qui se tend, se détend, se cabre et s'offre.

 

j'aime Clotilde Hesme parce qu'elle est reine du théâtre-récit, qu'elle passe du dramatique au narratif avec une évidence totale.

 

j'aime Clotilde Hesme parce que son intelligence du texte est immédiate, généreuse, communicative.

 

j'aime Clotilde Hesme parce que ses adresses au public suspendent le temps, émerveillent, pétrifient, kidnappent l'attention et s'amusent avec elle.

 

j'aime Clotilde Hesme parce qu'elle incarne l'indécente injustice des grands acteurs : le jeu habite en elle, irradie scène et salle, donne tout son sens à l'instant théâtral, justifie intégralement que nous partagions du temps et de l'espace.

 

j'aime Clotilde Hesme parce qu'elle fait de Baal mon contemporain, mon ami, mon frère ; l'appétit et le désir et les désillusions du double brechtien sont les siens, et les nôtres.

 

j'aime Clotilde Hesme.

 

 

 

                                                                                                                     *

 

(la photo dans la photo de droite est extraite du dossier de presse de « Baal », mise en scène de François Orsoni, et créditée au nom de Mathias Augustyniak)

À découvrir aussi

Si je fais une raclette à Noël, c’est parce que...

  • Fiction
Voilà donc que je mène une double vie. Me retrouvant, toujours et fidèlement par hasard, des deux côtés du miroir. À la fois réalisatrice et à la fois productrice. À la question « Que faites-vous comm...

L'écrivain du dimanche

  • Fiction
Je suis un écrivain du dimanche. Et encore… À l'instar de tous les écrivains du dimanche, enfin… c'est ce que je me dis pour me consoler entre une série à la télévision (américaine, comme toutes les b...

Vieux genre

  • Fiction
Dans « Gardenia », Alain Platel et Franck Van Laecke posent sur le plateau sept sexagénaires, anciens travestis ou transsexuels, le jeune danseur Timur Magomedgadzjeyev et l'initiatrice du ...

Un regard sur le FID 2018 signé Adèle Grégoire

  • Fiction
Cette année encore, on a demandé aux étudiants de l'Insas qui se rendaient au FID de Marseille avec la Scam de nous ramener quelques impressions du festival... Voici la contribution d'Adèle Grégoire, ...