Festival "S’écoutez, ça conte" : rencontre avec Christian Schaubroeck
- Son – Radio
En juillet dernier, vous avez participé au Festival S’écoutez, ça conte, en lieu et place du Festival interculturel du conte de Chiny. En quoi consiste cet événement radiophonique consacré au conte et à l’oralité ?
Le Festival du conte de Chiny, habituellement organisé le deuxième week-end de juillet n’a pas pu s’organiser à cause de la crise COVID. Dès lors, à l'initiative de la Coordination des radios associatives et d'expression de la FWB (la CRAXX), de Radio Sud et de Chiny Cité des contes, un événement artistique international s’est tenu sur les ondes les 10, 11 et 12 juillet ! Trois jours de conte et de rencontre avec des raconteuses et raconteurs de la francophonie. Trois jours dédiés à la parole, aux histoires, aux sons et à la réflexion autour du conte. Trois jours d'expression radiophonique, depuis le Beau Canton, les studios de radio et le salon des artistes.
La radio est un média particulier qui, par l’absence de l’image, permet l’ouverture de l’imaginaire. Le conte se base sur le même principe. Quelle place occupe la radio dans votre activité de conteur ? Est-ce un rendez-vous régulier ?
Personnellement, la radio n’a actuellement pas une place importante dans mon métier de conteur, du moins pas pour m’exprimer. En effet, il me semble que l’art du conte est indissociable de la relation au public. Pour conter, il me faut du public. C’est d’ailleurs ce que nous avons proposé le 11 juillet dernier, puisqu’avec ma complice Isabelle Prévost, nous avons présenté une séance de contes en public au Bar à Goûts à Jamoigne, séance qui fut captée et diffusée ensuite en radio. Toutefois, à l’écoute de certains moments de ce week-end mémorable, je revois un peu ma copie : certains contes peuvent être dits en radio sans public. Toutefois, dans ce cas, le travail du conteur est différent et quelques accompagnements sonores, d’ambiance, me semblent nécessaires.
Est-ce que la poursuite de ce genre de rencontres peu importe la forme est essentielle à votre activité ? Participez-vous à d'autres activités de la sorte cet été ?
Ce qui me paraît essentiel, c’est qu’on parle du conte, de l’art de la parole. En effet, il me paraît primordial dans le monde étrange où nous vivons de rencontrer les artistes, de participer à des spectacles vivants qui laissent une trace indélébile à celle ou celui qui y participent. Des échanges vrais, directement, en interaction afin de rêver, de laisser partir son imagination, guidée par la parole de la conteuse, du conteur. Se poser l’instant du spectacle. Que ce soit sous une forme de marathon radiophonique, de participation à des festivals, de balades contées ou de contes chez l’habitant, je suis partant.
L’un des objectifs de S’écoutez, ça conte est d’embarquer des auditeur.trice.s radio qui ne sont pas des habitué.e.s des veillées contées ni des salles de spectacle. Quelle part occupe la conquête d’un nouveau public dans votre travail ? Comment vous y prenez-vous ?
Effectivement, souvent le public ne connaît pas l’univers du conte ou il se dit « les contes, c’est pour les enfants ». Dès lors, il y a un gros travail de promotion et d’initiation à effectuer. Les réseaux sociaux sont un bon vecteur pour faire découvrir le conte. J’organise aussi des spectacles dans des lieux insolites, avec des partenaires inattendus comme par exemple Ma Part des Anges, caviste à Florenville, avec qui j’ai créé un spectacle de contes taniques où vous dégustez le vin dont je raconte l’histoire pendant la dégustation. Il faut sans cesse être imaginatif.
La salve des annulations et/ou des adaptations d'événement culturel a-t-elle un impact sur votre métier ? Envisagez-vous désormais d’autres manières de pratiquer votre passion ? Avez-vous déjà testé des alternatives (en termes de cadre, de dispositif, de public) ?
Dès le 15 mars 2020, tout s’est arrêté. Que cela soit les prestations contées, les spectacles ou même les formations, pour adulte ou dans les écoles. Heureusement, après le déconfinement, j’ai été pas mal sollicité, notamment pour des balades contées. Notre métier permet certaines interventions sans artifice, la conteuse, le conteur seul.e face au public, avec ses mots. On a dû s’habituer à regarder un public masqué, à garder une distance lorsque l’on raconte, à conter face à une jauge limitée mais l’important c’est de pouvoir continuer à s’exprimer.
Est-ce que le rapport au public est maintenant différent ?
Pas vraiment, ce qui change, c’est que sous le masque, on ne voit pas les expressions. Dès lors, on est plus attentif aux regards, au plissement des yeux lors d’un sourire, à une réaction étouffée sous le masque mais qui nous permettra peut-être de rebondir et toujours d’interagir avec notre public.
L'été se poursuit, quel événement culturel suggériez-vous de ne pas manquer en ce mois d'août ?
Je vous invite à participer à "Trésors contés", une activité mise en place par la Fédération des conteurs professionnels de Belgique, dont je fais partie, qui vous emmène en balade contée chaque samedi dans les Marolles (Bruxelles) et chaque dimanche dans la réserve naturelle de Vogelzang (Anderlecht). Ou bien à "Histoires d'être en lien", qui propose des moments de contes chez l’habitant (à la maison, au jardin, dans la cour, le salon ou la cave...).