Nous avons donné la parole à Laure Bernard, Youtubeuse en art avec sa chaîne « L’art comptant pour rien », qui nous confie son expérience durant le confinement et la crise sanitaire.
Le confinement a chamboulé le quotidien de beaucoup de personnes, mais cela n’a pas trop été mon cas. Je travaille de chez moi, mes moyens de diffusion et de communication se font sur les internets. Sur le papier la différence entre « vie avec Covid-19 » et « vie sans Covid-19 » est minime. Mais en réalité cela a énormément affecté les freelances - dont moi -, des contrats ont été décalés, voire annulés, il en est de même pour les événements tels que les festivals. La pandémie n’aura pas tant dérangé le rythme de mes journées, mais elle aura gelé la quasi-intégralité de mes contrats de 2020, comme pour beaucoup. Et c’est justement quand on est face à ce genre de situation inédite qu’il faut trouver un moyen de retomber sur ses pattes.
Il y a quelques années j’ai tenu une conférence qui expliquait comment les institutions culturelles commençaient à utiliser les réseaux sociaux pour de la création de contenu spécifique à internet, et non plus comme simple plateforme permettant une mise en avant relative à l’exposition en cours. La pandémie actuelle a permis de généraliser cette démarche, musées et lieux de culture ont trouvé différents moyens et différentes approches pour exister dans l’espace numérique, pour être accessibles à tous et à toutes.
Je ne cache pas que ce fut une joie pour moi d’assister à ça, voir des musées comme La Boverie à Liège partager des visites virtuelles de leur exposition « Ceci n’est pas un corps ». La mise en avant d’applications comme Arts&Culture de Google, qui permet de visiter pléthore de musées à travers le monde, mais aussi de voir des œuvres en ultra HD dans lesquelles on sait zoomer jusqu’à voir les traces du pinceau dans la peinture. Certains musées ont aussi beaucoup plus communiqué, comme La Monnaie de Paris, déjà très présente sur les réseaux sociaux, qui a plus que doublé ses envois de newsletters. Il y a énormément d’initiatives qui méritent d’être saluées, je pense notamment à L’Opéra de Paris qui a mis en accès libre et gratuit un spectacle issu des archives de l’institution tous les lundis. Mais aussi des concerts dans des salles vides mais diffusés en direct pour des centaines de milliers de personnes.
Être présent sur les internets, permettre aux gens de voir leurs expositions à distance, communiquer plus et mieux, je trouve cela primordial à notre époque pour une institution culturelle. Pas tant parce que c’est « là qu’il faut être » mais surtout parce que cela permet réellement de rendre la culture accessible. En effet, quid des personnes à mobilité réduite, des personnes souffrant d’anxiété sociale, d’agoraphobie, ou celles qui n’ont simplement pas les moyens d’aller visiter les grandes expositions parisiennes ? Avec la culture en ligne, l’art est à portée de clic. Et pendant le confinement c’est ce à quoi nous avons assisté. L’art a été un pilier important durant cette période, pour les artistes comme les institutions, la création a tout simplement explosé ces derniers mois. Nous avons pu découvrir une réelle culture 2.0, et j’espère que cela perdurera au-delà de la pandémie.